Extrait de l’article paru dans le Courrier Picard du 29/04/2019 :
La société Ostwind ne communique pas « à ce jour » sur le projet de cinq machines dénoncé par le président de région, Xavier Bertrand. Le président de l’intercommunalité, René Lognon estime que ce projet est en « stand-by. »
Par Benoît Delespierre | Publié le 29/04/2019
L’association Adenis a réalisé plusieurs simulations numériques de l’impact visuel du projet, dont cette vue à Saint-Vaast-en-Chaussée. Les premières habitations sont à 1 300 mètres, la vallée Berneux et la chaussée Brunehaut, voie romaine, seront impactées.
Une illustration supplémentaire de l’opacité avec laquelle les projets éoliens poussent sur les territoires. Hier, la société Ostwind refusait dans un premier temps de communiquer sur son projet de parc éolien entre Vignacourt et Saint-Vaast-en-Chaussée avant de nous adresser le courrier suivant : « À ce jour, des études préalables sont en cours, rien n’est figé et aucun dossier n’a été déposé auprès des administrations. Si ce dossier devait aller à son terme, alors nous engagerions une concertation pour trouver un consensus le plus large possible. »
C’est peu dire cependant que ce projet de quatre ou cinq aérogénérateurs suscite interrogation et inquiétude localement.
Ce projet est plus ou moins en stand-by
Le 8 avril 2019, le maire de Saint-Vaast-en-chaussée, Marc Vignolle, a écrit à la société Ostwind lui demandant de « bien vouloir me tenir au courant de ce projet en tenant compte du fait que les habitants de Saint-Vaast se sont largement prononcés contre ce projet lors d’une pétition en juin 2018. » Il n’a toujours pas reçu la moindre réponse. « On a découvert un mât de mesure du vent. On pense que le permis de construire va sortir en 2020 », résume le premier magistrat qui a encore téléphoné « il y a une quinzaine de jours pour avoir des nouvelles ». En vain.
À Vignacourt, le maire, Stéphane Ducrotoy, semble un peu mieux informé : « J’ai rencontré la société Ostwind il y a environ six mois avec le président de la communauté de communes, René Lognon. Nous ne sommes pas tout à fait pour, à l’endroit où elles sont prévues. Mais ils nous ont bien fait comprendre que c’est la préfète qui décide. »
97 éoliennes implantées dans un rayon de 20 km
René Lognon, président de la communauté de communes Nièvre et Somme (CCNS) est un peu plus précis : « Ce projet est plus ou moins en stand by », nous déclarait-il ce lundi.
L’association Adenis, qui revendique une centaine de personnes, dénonce les impacts environnementaux et humains de ce projet : des machines de 150 m de hauteur, les premières habitations à 1 300 mètres (à Saint-Vaast) et 1 500 mètres (à Vignacourt) ; la vallée Berneux « défigurée », la voie romaine Chaussée Brunehaut, goudronnée et transformée en route, comme déjà à Bettencourt et Saint-Ouen, une saturation avec « 97 éoliennes déjà implantées dans un rayon de 20 km ». Et « un risque d’exacerber les tensions et les rivalités entre les citoyens des communes ». Mais elle non plus, n’a pas de réponses à ses interrogations.
ADENIS émet « des doutes sur la probité » d’OSTWIND
Agriculteur et propriétaire foncier, le maire de Vignacourt tient à le préciser : « Ils [ndlr : les représentants d’Ostwind] ont voulu me faire signer un papier parce que des pâles passaient au-dessus d’une de mes parcelles. Ça me paraissait ambigü, j’ai refusé. » Cette démarche n’est pas illégale en soi. En revanche, elle alimente les soupçons de l’association Adenis qui écrit : « Nous savons que sur les communes où un projet d’implantation existe, cette société démarche les élus propriétaires fonciers et leur fait signer des baux de location dans le but d’obtenir plus facilement un avis favorable au sein du conseil municipal (…) Notre association a de sérieux doutes sur la probité de cette entreprise. » Adenis avait du reste déposé plainte auprès du procureur de la République concernant un élu de Bettencourt-Saint-Ouen qui dispose sur ses terres d’une éolienne installée par Ostwind. Cette plainte a été classée sans suite car déposée au-delà du délai de prescription.
Ce problème n’a pas été traité par l’État
Par Le Courrier Picard Monday, April 29, 2019 – 19:18
Le courrier de Xavier Bertrand à la préfète vous interpelle-t-il ?
Ce courrier correspond aux choix politiques de Xavier Bertrand. De toute façon, c’est la préfète qui décide. On avait jadis élaboré des schémas régionaux éoliens où les élus désignaient les zones propices. Ils ont été supprimés. Résultat, les promoteurs cherchent à s’implanter partout où ils peuvent, en toute liberté.
Avez-vous des doutes sur la probité d’Ostwind ?
Ce n’est pas à moi de porter ce genre de commentaires. Avant, les maires courraient derrière les promoteurs pour avoir des éoliennes sur leur territoire et les retombées fiscales qui allaient avec. Aujourd’hui, ces retombées fiscales sont pour les intercom- munalités et ce sont les présidents de communautés de communes qui sont sollicités par les promoteurs éoliens. Ce problème n’a jamais été traité par l’État.
Dans le cas présent, les éoliennes et leurs recettes sont sur Vignacourt et sa communauté de commune, Nièvre et Somme ; les inconvénients pour Saint-Vaast, d’Amiens-Métropole. Et il y a peu de monde pour écouter les riverains.
Oui, c’est un problème qui surgit régulièrement. À Saint-Ouen, ce sont les éoliennes de Domart-en-Ponthieu, dans le Doullennais, qui dominent la commune.
Il y a des opposants à l’éolien parmi les élus et dans la population mais il y a aussi des opposants au nucléaire.
Nous nous inscrivons dans le cadre défini par l’Europe et par l’État. Ce n’est pas de notre fait s’il y a de telles conséquences.